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Sur les traces des "Midis" du XVe Corps - guerre 1914-1918
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4 avril 2017

1927, 4 septembre, réparation d'une injustice à Carcès (83)

Ce texte est la propriété de son auteur-La reproduction n'est pas autorisée 

De Maurice MISTRE-RIMBAUD
Sources : Le Petit Var

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 Deux mois après l’arrêt de la Cour de Cassation, répondant à l'appel du Petit Var des 29 aout et 1er septembre, de nombreux varois vont se réunir à Carcès, pour rendre hommage à un des leurs, Marius Marcel, fusillé pour l'exemple.

Dimanche 4 septembre 1927, Carcès.

Dès 4h, un cortège se forme devant la mairie, en première ligne, les drapeaux, la municipalité, la famille dont le père et le fils de Marius Marcel, les associations des mutilés, la Ligue des Droits de l'Homme, la population suit. Le défilé descend vers le monument aux morts. Le maire y dépose une gerbe, l'association des mutilés, une palme.

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 Après une minute de recueillement, Léon Germino, employé à la Préfecture, secrétaire des mutilés évoque les événements tragiques des 28 et 29 mai 1915 à Maffrecourt et explique comment son association et la Ligue se sont battues pour casser le jugement du conseil de guerre.

"Honneur à toi, en ce jour, camarade Marcel, nous sommes venus, nous tes frères d'armes, pour proclamer ton innocence, pour réhabiliter ta mémoire et la laver de la souillure injuste dont on l'avait couverte, pour rendre en ton nom l'honneur qu'à nos yeux il n'avait jamais perdu, pour crier dans ton pays natal, bien haut et à la face de tous, que ton nom est digne de figurer en lettres d'or, à la suite de ceux trop nombreux, hélas, qui sont morts en héros, comme toi, sont inscrits sur cette pierre et pour dire enfin que nous sommes fiers de te saluer comme un martyr de la patrie."

Il remercie l'avocat Bosviel de Paris et réclame la paix qui doit être poursuivie par la Société des Nations, terminant en criant bien haut "A bas la guerre ! Vive la France, pacifique et républicaine !"

Ernest Maunier, président de la Ligue et conseiller général de Draguignan, rappelle en termes émouvants "à la pensée de cette atroce torture, notre raison se révolte et notre cœur se déchire. Et alors, à cette vision, notre pensée, involontairement, allait aux siens, à ceux qui allaient souffrir de son absence, à sa malheureuse épouse qui ne devait pas survivre longtemps à son malheur, à son jeune fils qui ne devrait plus vivre qu'avec une affreuse vision devant les yeux. Enfin justice était rendue, la conscience publique était soulagée, sinon satisfaite, son fils pourrait désormais, le cœur endolori, mais l'âme tranquille et le front haut, passer partout et dire, je suis le fils d'une pitoyable victime de la guerre et des conseils de guerre" et appelle tous ceux qui veulent travailler à la paix intérieure et internationale faite de justice et de travail.

 

Carces-MAM2

 

 
 Georges Gazan, maire de Carcès prend la parole :
"Sur ce socle [du monument aux morts] sont gravés en lettres d'or, les noms de ceux qui ont sacrifié leur vie pour le défense du sol sacré de la patrie. Carcès a élevé ce mausolée à la mémoire de ses enfants, mais un point noir restait à l'horizon et un nom, celui d'un brave, manquait à la liste hélas trop longue, gravée sur cette pierre, celui de Marcel, qui fut et ses camarades de combat l'ont attesté, par un concours de circonstances étranges, condamné et fusillé".


Paul Pascal, rédacteur à la préfecture de Draguignan, remercie au nom de la famille tous ceux qui de loin ou de près ont été les artisans de l'œuvre de réparation. Il s'incline "avec respect et émotion devant la mémoire de l'épouse héroïque, qui avec un courage stoïque, a poursuivi la recherche de la vérité et pour elle hélas, le destin implacable ne lui aura pas permis de voir sa conviction confirmée... mais son fils peut, sans rougir, lever haut la tête et porter fièrement le nom de son noble père, victime d'une abominable erreur aujourd'hui redressée."

Ces discours empreints d'émotion laissent dans la population carçoise, une profonde impression.

Pour en savoir plus :
Marius MARCEL 1 
Marius MARCEL 2

 

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