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Sur les traces des "Midis" du XVe Corps - guerre 1914-1918
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14 décembre 2016

Auguste Caremil du 111e R.I. (4/4)

suite et fin

voir Carémil 1/4
voir Carémil 2/4
voir Carémil 3/4
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caremil-a

 

 

 

 

 

 



Lundi 26/10
: Départ pour la ligne de feu.



Mardi 27/10 : On vient nous avertir que le 5e corps vient nous relever. Où irons-nous ? Nous devions rester quatre jours ici. Nous partons à DOMBASLE où nous arrivons à 23h30.


Mercredi 28/10 : Journée passée à DOMBASLE, en repartons à 07h30 du matin, traversons MONTZEVILLE – ESNES et restons sous bois jusqu'à 09h00. Le combat commence, l'artillerie forte de plus de cent pièces commence à donner. Nous sommes en réserve de la 30e division qui a attaqué. Nous occupons le village d'HAUCOURT et montons ensuite à MALANCOURT. Ces deux villages sont bombardés et incendiés. Nous sommes entre des murs bralants. A la nuit dans une cave sur le sol humide. La toile imperméable, les gants et le passe-montagne me sont d'une grande utilité.

 

esnes

 

 Vendredi 30/10 : Partons à 03h00 du matin pour aller occuper un bosquet à 800 mètres en arrière du village. Nous y passons la journée, il est 16h00  et nous sommes toujours là. Départ à 18h00 pour MARRE où nous cantonnons. Je crois que je vais être nommé adjudant.


Samedi 31/10 : Repos à MARRE, suis de service.


Dimanche 1er novembre : La Toussaint, ai mis les galons d'adjudant. Départ de MARRE à 17h30 arrivée à CHATTANCOURT à 18h30. Avons passé une bonne nuit. Attendons l'ordre de départ.


Lundi 2/11 : Retournons à MARRE où nous passons encore une bonne nuit.


Mardi 3/11 : Partons de MARRE à 17h30 pour les avant-postes au dessus et au nord de BETHINCOURT.

bethincourt

Bethincourt


Mercredi 4/11 : Pluie toute la journée. Fusillade espacée, beaucoup de cadavres nous séparent des Allemands. Nous ne pouvons les enterrer. A la nuit les Prussiens viennent pour les dévaliser. Nous faisons feu dessus et en blessons un.


Jeudi 5/11 : Après avoir travaillé la nuit aux tranchées, nous nous reposons un peu. De temps en temps quelques coups de fusils. Matinée tranquille. Je pense que nous serons relevés ce soir. Avons été relevés et nous partons pour VIGNEVILLE.


Vendredi 6/11 : Repos à VIGNEVILLE.


Samedi 7/11 : Départ de VIGNEVILLE à 05h00 pour MONTZEVILLE. Arrivons à 08h00 à MONTZEVILLE. Nous n'avons pas de chance, nous croyons coucher à MONTZEVILLE et nous en repartons à 17h00, en route pour PAROIS où nous arrivons à 23h30.


Dimanche 8/11 : Messe à PAROIS. Ne peut y aller, empêché que je suis par le service. Irai après-midi à vêpres pour nos morts. L'aumônier n'a pas fait un service pour les morts. On a seulement récité des prières et nous avons chanté des cantiques en Français et en Provençal.

messe-front


Lundi 9/11 : Départ à midi de PAROIS pour les tranchées. Sommes au sud-ouest de MONTFAUCON, avec VAUQUOIS sur notre gauche et AVOCOURT sur notre droite. Nous trouvons des tranchées bien aménagées. Au bout de ma section une cahute fermée par une porte en jonc tressé m'est réservée. J'y trouve un matelas de plumes pris à AVOCOURT qui est abandonné à l'entrée de ma cahute. Un caporal du 112e a fait une petite crèche avec le petite Jésus. Les cierges sont en feuille d'étain qui sert à envelopper le chocolat, le fond est tapissé de même. Une petite porte en jonc ferme le tout. Au dessus l'inscription "petit Jésus de 1914" et le nom du caporal PELAT, le tout entouré de cartouches enfoncées dans la glaise. Je trouve cela très bien et très ingénieux.


Mardi 10/11 : Commandé avec ma section pour aller continuer un travail commencé bien en avant, nous partons à 01h00 par une nuit noire. On n'y voyait pas à trois pas. Le vent soufflait d'une telle violence que plusieurs arbres de la forêt étaient déracinés. Bien des fois nous nous trouvons nez à nez avec des sentinelles qui ne nous avaient pas entendus venir. Enfin après avoir perdu et retrouvé la moitié de ma section, j'arrive au rendez-vous. (Je trouve que ce que l'on me fait faire est inutile car nous ne pourrons jamais travailler). Là un caporal qui est au petit poste, doit me conduire au lieur désigné. J'ouvre la marche et nous faisons à peu près 800 mètres sur la route, sans pouvoir trouver l'endroit. La pluie commence à se mêler de la partie, le vent fait rage et je me vois obligé de retourner. Nous revenons, mais quel travail ! Nous nous heurtons aux fils de fer barbelés. Les sentinelles nous arrêtent à deux pas et souvent nous les dépassons sans qu'elles s'en aperçoivent. L'orage bat son plein, de tous côtés des fusées éclairantes sont lancées, et nous sommes obligés de nous coucher pour ne pas nous montrer aux Allemands qui sont tout près de nous. Enfin à 23h30 nous regagnons notre poste où l'officier approuve ma conduite. J'avais une mission, je l'ai accomplie sans pouvoir la terminer, mais j'avais fait tout mon possible.


Jeudi 12/11 : Ai passé une bonne nuit sous ma capote trempée. A 11h00 les obus éclatent autour de nous. Maintenant la rafale a cessée et j'attends l'heure de la soupe.


Vendredi 13/11 : Obus comme hier. La relève du 112e arrive à la nuit pour nous relever. Il fait un temps épouvantable. La pluie tombe à torrent. Nous partons sous bois, on n'y voit goutte et nous nous égarons nous avons de la boue jusqu'aux jambes et nous marchons très difficilement. Nous sommes trempés. Nous arrivons à BRABANT à 23h00 après avoir marché sept heures sous la pluie, sans quitter le sac. A BRABANT un bon lit m'attend, j'ai un matelas de plumes. J'en suis très heureux. Je suis logé avec les officiers.


Samedi 14/11 : Repos à BRABANT. Ai reçu trois lettres depuis hier soir.


Dimanche 15/11 : Exercice de 08h00 à 10h00. Au retour je vais à la messe avec les deux lieutenants. L'après-midi concert dans le cantonnement.


Lundi 16/11 : Cantonnement


Mardi 17/11 : Départ pour les tranchées, il fait très froid. Glace partout.


Mercredi 18/11 : Travail aux tranchées. Il fait très froid. Calme parfait. Soir, légère canonnade.


Jeudi 19/11 : Il fait très froid. Je reçois une bonne lettre de Louise.


Vendredi 20/11 : Forte canonnade.


Samedi 21/11 : Relève normale. Arrivée à BRABANT même cantonnement.

brabant-1




Dimanche 22/11 : Repos. Messe à 08h00. Reçois photo de Louise et de Lisette avec Jean.


Lundi 23 – Mardi 24/11 : Neige. Repos.


Mercredi 25/11 : Nous comptions partir. Un ordre de rester nous fait goûter une nuit de repos en plus. Nous ne savons pas ce que l'on veut faire de nous.


Jeudi 26/11 : Départ pour les tranchées. Lettre de Rose et de Maman. Vive attaque sur notre gauche.


Vendredi 27/11 : Temps sombre. Travaillons toute la journée. Soir, beau clair de ligne, fusillade ininterrompue toute la nuit.


Samedi 28/11 : Calme, légère pluie. Dimanche 29/11 : Beau temps.


Lundi 30/11 : Beau. Relève.


Mardi 1er décembre : Repos.


Mercredi 02/12 : Repos.


Jeudi 03/12 : Repos


Vendredi 04/12 : Départ aux tranchées.


Samedi 5 – Dimanche 06/12 : Grand combat d'artillerie. Engagements sur notre gauche et à droite à VAUQUOIS et AVOCOURT.


Lundi 07/12 : Devions être relevés aujourd'hui.


Mardi 08/12 : Pluie pendant deux jours. On nous annonce l'attaque de VAUQUOIS à 10h00. A 11h00 nous sommes prêts. L'artillerie entre en danse. Je suis avec ma section dans la tranchée. Grand combat d'artillerie?


Mercredi 09/12 : Recevons ordre de partir et contrordre ensuite. Restons en place. Partirons-nous le soir ? Partons comme d'habitude. Arrivons à PAROIS. Sommes moins bien logés qu'à BRABANT.

parois3

Parois



Jeudi 10/12 : Repos.


Vendredi 11/12 : Bon déjeuner, crème au café.


Samedi 12/12 : Recevons l'ordre de partir. Devions préparer une belle fête pour dimanche à l'église. Nous ne pourrons malheureusement pas y donner suite. Partons à 12h30. Après neuf heures de marche, nous arrivons à ESNES et de là nous faisons cinq kilomètres en plus pour aller occuper nos nouvelles tranchées. Il pleut. Nous recevons plusieurs obus, avant de prendre place pendant la relève. Ma section passe la nuit dans une tranchée couverte. Toute la nuit fusillade. Je couche avec le lieutenant et je goûte un repos que je n'aurai plus de deux jours.


Dimanche 13/12 : vais remplacer la quatrième section. Nous occupons une tranchée découverte. L'argile mouillée nous arrive aux chevilles. Nous passons pour y arriver par un long et étroit boyau où la boue et l'eau nous arrivent aux genoux. Impossible de passer à côté car les balles ne nous rateraient pas.


Lundi 14/12 : Venons de prendre le café. Espérons encore. Une mauvaise nuit. Il fait froid et la pluie tombe par intermittence.

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Les notes se terminent le lundi 14 décembre 1914. La dernière page du carnet est remplie. Il n'y a plus de place disponible.

Après quatre mois d'une guerre qui devait durer encore quatre années, Auguste CAREMIL a été tué sous un bombardement, dans les bois de MALANCOURT à côté d'HAUCOURT et du lieu dénommé "LE MORT-HOMME". Sa tombe n'a jamais été retrouvée.

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la ville de GRASSE. Il restera je l'espère, au coeur qui liront ces quelques lignes.
Jean-Luc Caremil

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Télégramme en date du 22 janvier 1915
(archives de la mairie de GRASSE)


OFF ANTIBES 213 32 22 15/50 = - CDT DEPOT 111 – 0 A MAIRIE DE GRASSE PRIERE INFORMER FAMILLE AVEC TOUS MENAGEMENTS QUE ADJUDANT CAREMIL DU 111 – 0 INFANTERIE A ETE TUE A L'ENNEMI LE VINGT ET UN DECEMBREMILNEUFCENTQUATORZE

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caremil auguste-MDH



Citation à l'ordre de l'Armée J.O. du 7 février 1915 :

J

PRESSE LOCALE :

PETIT NICOIS du 30 DECEMBRE 1914

 

PN30DEC1914 - Copie

 

 

PETIT NICOIS du 23 JANVIER 1915:

PN23JAN1915 - Copie

 Il avait 33 ans !!!!

 









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