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Sur les traces des "Midis" du XVe Corps - guerre 1914-1918
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2 août 2014

POEME : MOBILISATION

de Fernand Grech                          
1873-1960  

A la mémoire de tous les combattants de la guerre 14-18,
                          avec une pensée spéciale pour nos soldats du Midi

 

779_001___Copie

MOBILISATION

Ces tambours, ces sourds tambours,
Je les entendrai toujours !

Au ciel des nuages gris
Passaient, roulant vers Paris,
Gros d'une lourde tempête...
Soudain, sans gestes, sans cris,
Tout le village qui guette,
Au premier coup de baguette,
Tout le village a compris.

Partout, sur le territoire,
-- Ces tambours, ces sourds tambours,
Je les entendrai toujours --
Leur rythme net, péremptoire,
Précis, rageur, obstiné,
Partout avait résonné :
Et ce rythme à peine né
Battait déjà dans l'histoire !

Ces coups brefs tout près du sol,
On eût dit à fleur de terre,
Les coups d'aile de la Guerre
Qui montait, prenant son vol
Dans ces voix accélérées,
Dans ces roulements méchants,
On sentait les dents serrées
De ceux qui quittaient les champs,
Sans phrases, sans cris, sans chants,
Mais leurs âmes délivrées.

Ces tambours, ces sourds tambours,
Je les entendrai toujours !

Le paysan du clos proche
S'arrêtait, jetant sa pioche.
L'ouvrier lâchait l'outil
D'entre ses mains ravinées,
Ses mains déjà façonnées
A l'acier frère, au fusil.
Et, se hâtant d'un pied preste,
Des maçons laissaient leur veste
Au mur d'hier s'élevant ;
Depuis ce jour elle y reste,
Dorée au soleil levant,
Crevassée au gel funeste,
Parfois ballante au grand vent
Qui prête à la manche un geste,
Quand le pauvre bras, souvent,
Hélàs ! lui n'est plus vivant...

Et, repris par la coutume
Tous les hommes, tous, d'instinct,
Au roulement moins distinct
S'agrégeaient d'un pas certain
En troupe qui se balance ;
Et les femmes, au lointain,
Dans leur tablier déteint,
Pleuraient, pleuraient en silence.

Ces tambours, ces sourds tambours,
Je les entendrai toujours !

Puis, par fragments équipée,
En vieille blouse frippée,
S'accroissant de maint et maint
Dans un serrement de main,
L'humble escouade groupée,
Au détour du vieux chemin,
S'enfonçait dans l'épopée.

Ces tambours, ces sourds tambours,
Je les entendrai toujours !

~°~

 

 

 

 

 

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