A Auguste ODDE, 3 septembre 1922
De Jean CASTRE
Six-Fours-Reynier, 3 septembre 1922
Ce poème fut lu publiquement
au moment de l'inhumation du corps de Auguste Odde
à Six-Fours, le 4 septembre 1922.
Puis également le 11 novembre de la même année,
lors de la cérémonie au Monument aux Morts,
par Noël ODDE, son neveu, âgé alors de 7 ans.
A AUGUSTE ODDE,
Victime d'un Conseil de Guerre
Le crime est accompli, la horde sanguinaire
Ivre de ses fureurs dans l'oeuvre mercenaire,
A fait un de ses coups qui relève du rang
Que la folie peut prendre en répandant le sang.
O ! Forfait inouï, ta secte dangereuse,
Au vampire pareil, dans l'orbe généreuse
Qu'il poursuit, écoeurant, afin de s'enivrer,
Glouton du sang humain qu'on vient de lui livrer.
Pauvre petit soldat, douze balles françaises,
Par la faute d'un reître aux actions mauvaises,
Te frappèrent au coeur ; tu tombas sous leurs coups ;
Quel monstre contre toi déchaîna son courroux ;
Ce docteur, ce maudit qui se somme Cathoire,
Est celui dont le nom insulte ta mémoire.
Brave petit soldat, superbe défenseur
De notre sol sacré ; pauvre petit Chasseur,
Noble enfant du Midi, que sur ton front auguste
On dépose aujourd'hui la couronne du juste.
Va, tu pourras dormir, ici dans ce sillons,
Dans le sein de la paix, pour toi nous travaillons.
O ! Vous qui les donnez à la patrie ! Ô mères,
Vos enfants, votre sang ; quelles douleurs amères
Quand vous les retrouvez revêtus d'un linceul
Que de pleurs, d'insomnies, comme on serait bien seul
Pour gémir, sangloter et supporter sa peine.
Le deuil est dans le coeur, l'âme n'est plus sereine.
Le ciel, comme nos coeurs, soudain s'est obscurci,
Nous voyons à nos pieds s'ouvrir le sol durci.
Si pour t'auréoler, le drapeau tricolore
Recouvre ton cercueil, quand reviendra l'aurore
Songeant à ton passage à l'immortalité,
S'il est un innocent, là-bas réhabilité.
Qui peut vivre honoré de tous et de lui même,
Pour toi la différence est encore l'extrême.
Tous nos regrets ici ne te reviendront pas,
Par la fatalité, tu conquis le trépas.
Oui, nous honorerons ta mémoire chérie,
Comme ton sacrifice, est fait à la patrie
Et, c'est dans le coeur meurtri qu'ici nous évoquons
Tes vertus, brave enfant ! Et que nous révoquons
Les injustes méfaits dus aux Conseils de guerre
Dont les maux de tous firent trembler la terre.
Devant ton seuil sacré, nos coeurs émotionnés
Sentent monter des pleurs à nos yeux étonnés.
Sur ton tombeau chéri, qu'une main fine brode
Gloire au brave Chasseur : Ci-gît : Auguste Odde.
Remerciements à Nicolas et Marc Estellin
descendants de Auguste ODDE, qui ont procuré ce précieux document à Maurice Mistre