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Sur les traces des "Midis" du XVe Corps - guerre 1914-1918
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7 avril 2009

LA BATAILLE DE LAGARDE 3/5

Ce texte est la propriété de son auteur-La reproduction n'est pas autorisée

Par Maurice MISTRE

Récit reconstitué

                                   LA BATAILLE DE LAGARDE                               3eme partie                  

LE 11 AOUT

Le 1er groupe du 19e RA repart à 3H30 occuper ses positions de la veille. Le Commandant Adeler établit les 1ère et 3e batteries à l'ouest de la cote 283. La 2e batterie reprend seule sa position à la lisière est de la forêt de Parroy.

A 5h du matin, on complète l'approvisionnement en cartouches et on organise la défense. La 9e compagnie du capitaine Rourissol a passé la nuit à creuser des tranchées. Elle prendra la place de la 12e compagnie du capitaine Carnoy au carrefour Xures-Bourdonnay,  la route de Lagarde et s'installe sur la hauteur 273.

La tactique allemande est ainsi déterminée :

attaque frontale du 2e bataillon de chasseurs bavarois avec ses compagnies de mitrailleuses, au nord-est contre le 40e RI ;

attaque débordante sud du 138e RI allemand de Dieuze contre le 40e RI ;

attaque débordante nord du 131e RI contre le 58e RI et le 19e RA, avec un détachement du 7e dragon et deux régiments de Uhlans.

Gerden_1914

Entre 7 et 8h, quelques cavaliers allemands sont repérés vers la cote 280. Les éclaireurs montés du 40e et 58e vont en reconnaissance. De retour, ils signalent un fort contingent ennemi qui avance. Un avion allemand fait quelques tours au dessus puis repart en direction de ses lignes. La 11e compagnie du 58e RI se trouve aux abords du cimetière de Lagarde, une section est retranchée dans le cimetière même.

Au nord, le 2e bataillon du 58e (7e et 8e compagnies) occupe le bois du Haut de la Croix et au sud le 2e bataillon de chasseurs à pied de la 10e DC tient les débouchés nord-est de la forêt de Parroy. La 5e compagnie est en position à la cote 289 face à Vaucourt.

Le chef de bataillon Cornilliat du 58e RI s'attend à une attaque. Il en avise le capitaine Carnoy de la 12e, rappelle la 9e compagnie de Rourissol sur ses emplacements de nuit.

taube2

 

Une demi-heure après le passage du "Taube", un coup de canon ébranle l'air. L'artillerie adverse commence sa tâche. La bataille pour la reconquête de Lagarde débute. Dans le bois du Haut de la Croix, la 7e cie est ciblée.

    "l'un des premiers (blessé) de ma section, ce fut mon sous-lieutenant, un nommé Vassas qui était sous-lieutenant  de réserve, et à ce que l'on m'a dit, c'était un professeur du collège d'Arles ; il fut blessé non loin de moi". 5)

et la 8e aussi.

    "Nous retournons dans le bois afin de nous reposer un peu et de casser la croûte, mais pas plus tôt installés, les obus nous pleuvent dessus ; nous avons été repérés, l'infanterie nous charge par devant et l'artillerie nous arrose de projectiles par derrière". 6)

Une section du 3e bataillon se précipite aussitôt dans un champ de pommes de terre se trouvant en face du cimetière, de l'autre côté de la route d'Ommeray. Vers 8h, le 40e RI, posté à l'entrée est et au sud, essuie les premiers coups de feu.

A 8h30, un fort détachement allemand (131e RI et Uhlans) s'avance par le nord-est. Croyant n'avoir affaire qu'à quelques éclaireurs allemands, la mise en batterie du 19e RA tarde.

Vers 9h, la 3e batterie occupe le mamelon sud, à environ 500 m au N-O de la cote 283, sa mise en batterie se fait avec précipitation sans affolement. Son objectif, comme batterie d'infanterie, est l'adversaire venant de l'est débouchant du bois Chanal.

La 1ère batterie va occuper sa position sur le mamelon nord à la gauche de la 3e. Elle met en batterie vers le nord, direction château de Marimont (N-E). La mise en batterie a été pénible, à cause du terrain très lourd. Elles vont bientôt subir leur baptême du feu.

Avant même que la 1ère batterie ait commencé la préparation de tir, l'artillerie ennemie ouvre le feu sur la 3e batterie. Une salve d'obus tombe en avant de la batterie, elle est suivie immédiatement de salves longues qui atteignent les avant-trains en arrière. Il en résulte un grand désordre. Les Français ripostent. La 3e a presque vidé ses caissons. Accalmie momentanée du feu adverse puis reprise. Une autre de ses batteries tire maintenant sur la lisière est du bois du Haut de la Croix. D'autres encore tirent à sa droite, mais assez loin. La fusillade paraît se rapprocher.

Les 11e (Chaud) et la 12e (Carnoy) compagnies du 58e RI sont rappelées et se tiennent en réserve à l'abri du mur du cimetière.

La 9e compagnie du 58e et la section de mitrailleuses tirent sur les forces allemandes. La 10e compagnie (Candau) occupe les vergers nord du village. 

Les coups de canon se suivent à cadence rapide. Les obus passent au-dessus des têtes et vont tomber à deux ou trois cents mètres derrière. Leurs explosions se font dans un fracas de tonnerre, soulevant chaque fois un nuage de terre, pierres, herbes.

Brusquement quelques coups plus secs se font entendre. Ce sont des 75, reranchés en arrière qui répondent. Bientôt quelques balles sifflent, puis leur nombre s'accroît rapidement, mais l'ennemi est toujours invisible.

Ordre est donné de se retrancher dans le cimetière. Les balles de plus en plus nombreuses viennent s'écraser contre le mur. L'artillerie ennemie redouble d'ardeur ; elle a mis en action des pièces de gros calibre dont les obus en éclatant font des trous énormes dans le sol.

Le cimetière est maintenant le point de mire de l'artillerie ennemie et la position devient intenable. Il faut retourner dans le champ quitté trois quart d'heure auparavant. Il y a quelques blessés mais pas de morts. La 5e compagnie du 40e quitte ses travaux et se rassemble sur la place de l'église ; la 4e section de la 5e (Lt Davet) est sur son emplacement de combat au nord dans les vergers ; une partie de la 3e section de la 5e du sergent-major Brandibas est envoyé entre la 1ère et la 2e section de la 8e compagnie et s'installe dans un parc dont elle organise et garnit les murs par-dessus lesquels elle tire ; la 1ère section (Lt Bosquier) de la 5e compagnie prend des cartouches au Train de combat, vient se mettre en ligne entre la section Bellat et la section Gallis, ravitaille l'une et l'autre et s'engage.

Quittant leurs retranchements, les fantassins du 2e bataillon de Chasseurs bavarois entrent dans la bataille. Ils traversent le bois Chanal, en atteignent l'orée dans rencontrer la moindre résistance. Utilisant les haies et les meules de blé, ils progressent par bonds vers le village distant de 1km environ.

Du côté du bois du Haut de la Croix, le 2e bataillon du 58e RI reflue :

"Durant cette retraite jai failli y rester un morceau d'arbre arraché par un obus est venu me taper derrière le sac et m'a projeté plusieurs mètres en avant je me relève avec quelques égratignures aux mains, mais sans aucun mal, nous continuons à battre en retraite car nous sommes poursuivis par les boches". 7)

Le capitaine Blanc de la 7e cie du 58e RI essaie de ralentir le repli sur Coincourt :

"(II) était descendu de cheval et parlait à un lieutenant laissant respirer quelques uns de ses hommes échappés au massacre. Visiblement en proie à une violent agitation, un rictus nerveux contractait étrangement son visage. Il disait textuellement, en parlant de ses soldats : "Ils se sont enfuis comme des péteux..." Et Dieu seul savait ce qu'il pensait en lui même : " Si j'en renconre un, je le brûle !..." Il avait ensuite enfourché son carcan et s'en était allé comme un fou..." 8)

Le sous-lieutenant Fontmagne de la même compagnie n'hésite pas à faire cesser le feu de ses hommes, à sortir du fossé qui leur sert d'abri, pour se rendre compte de la situation, leur montrer que les Allemands tirent trop haut et qu'on peut encore tenir. Presque entouré par l'ennemi, il réussit à ramener dans les lignes françaises tout son détachement.

A 9H50, deux compagnies du 1er bataillon du 40e RI Santini ont été envoyées d'Arracourt à la disposition du colonel du 58e vers Coincourt , elles ne peuvent que recueillir les bataillons du 58e RI en retraite.

Vers 10H, les Allemands du 131e RI traversent le bois du Haut de la Croix. Subitement l'infanterie allemande apparaît sur le mamelon nord à quelques dizaines de mètres en avant de la 1ère batterie, émergeant de l'avoine. Des soldats vêtus de gris, surmontés de casques gris surgissent entre les épis. Pour enrayer cette attaque, il faut tourner les pièces de 45e au moins à gauche. La manoeuvre est pénible vu l'état du terrain et la nécessité de déplacer également les caissons. A ce moment, beaucoup d'hommes tombent sous les balles pendant cette opération et ensuite pendant le tir.

La 1ère batterie est d'abord un peu surprise par le tir de la 3e, puis elle comprend, oriente une pièce et tire dès qu'elle peut apercevoir l'ennemi, mais ses obus tombent un peu trop court au début.

Les balles sifflent. Les artilleurs continuent à tirer. L'infanterie ennemie s'est arrêtée. Aux sifflements s'ajoute un crépitement de grêle sur les boucliers et sur le fond blindé des caissons.

Ce n'est d'ailleurs qu'après avoir criblé de balles la 1ère batterie et réduit sa résistance, que l'infanterie allemande s'oriente vers la 3e. Les derniers servants se défendent avec leur mousqueton et se font tuer sur place défendant héroïquement leurs pièces. Peu en réchappe.

La manoeuvre d'encerclement de l'infanterie prussienne se poursuit. A présent les pièces allemandes bombardent le village. Des flammes s'élèvent des toitures des maisons.

Soudain, un groupe ennemi se démasque à 600 mètres du 58e et se porte en courant sur la droite où il se terre aussitôt.

Les obus d'une salve d'artillerie explosent dans un bruit assourdissant. Leurs shrapnells s'abattent tel un orage de grêle, causant des ravages énormes. Cependant la riposte acharnée du 58e RI semble contenir l'attaque allemande. Les deux régiments de Uhlans chargent alors et se font massacrer. 

lagarde_uhlan

Par ailleurs, la situation du 2e bataillon du 40e et la suivante :

Secteur sud :

    6e compagnie du capitaine Roubineau : le long du canal,

    2e section Macé : pont est,

    3e section Duley, moins le groupe du sergent Marcel, entre les ponts est et ouest,

    1ère section Flory : à droite du pont ouest,

    4e section Trives : 3 escouades dans des maisons au croisement rue parallèle au canal - rue montant à la Mairie, 1 escouade derrière une barricade bouchant l'accès aux vergers ouest ; 2e section des mitrailleuses Tuset : dans les vergers au nord-ouest du pont est.

Secteur est :

    4e section Michel (8è compagnie où le lieutenant Gallis a été tué) au saillant est, 3 escouades face au canal et 1 escouade face à l'est,

    1ère section Bosquier (5è cie) : à cheval sur la route de Bourdonnay,

    1ère section Bellat (8è cie) : au nord de la route de Bourdonnay,

    3e section Brandibas (5e cie) : derrière la section Bellat dans le parc,

    2è section Landranchi (8e cie Lt Girard blessé) : à cheval sur le chemin N-E de l'église,

    3è section Gontard (8è cie) : à gauche de la section Lanfranchi.

Secteur nord :

    4è section Davet (5è cie) : au nord,

    1ère section Haas (7e cie) : à la droite de la 10è compagnie du 58e.

Le reste du régiment se trouve près de la mairie en réserve.

                                                                                                   ~à suivre~

________________________

5) Felix Faures 7e Cie du 58e RI

6) Emile Castanié 8e Cie du 58e RI

7) Emile Castanié 8e Cie du 58e RI

8)Henry George, brancardier du 58e RI

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