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Sur les traces des "Midis" du XVe Corps - guerre 1914-1918
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18 mars 2009

LA BATAILLE DE LAGARDE 1/5

Ce texte est la propriété de son auteur-La reproduction n'est pas autorisée

Par Maurice MISTRE

Récit reconstitué

                                   LA BATAILLE DE LAGARDE                               1ère partie                  

LA VIE PRECEDANT LE COMBAT

Dans les jours qui précèdent la déclaration de guerre, en Lorraine annexée, à Lagarde, comme de part et d'autre de la frontière, l'opinion publique est partagée : les uns croient à la guerre, les autres non.

A Martincourt, un château-ferme appartenant à un prussien, situé à une portée de fusil de la frontière et de la forêt de Parroy, emploie, comme moissonneurs, des vétérans de l'armée allemande, parmi lesquels des sous-officiers, au nombre d'une trentaine. Ce sont des Polonais, plus exactement des Allemands annexés ou Prussiens orientaux, une partie de la Pologne formant la Prusse Orientale.

Martincourt

Ces vétérans circulent fréquemment et librement dans le pays français et notamment en forêt de Parroy. Ils seront, en cas de guerre, d'excellents guides à travers ces bois très marécageux, impraticables sans leur  concours, à une armée d'invasion. En effet la forêt permet d'arriver en deux heures, à cheval, jusqu'à Lunéville, où sont en garnison la 2e division de cavalerie et le 2e bataillon de chasseurs.

Fin juillet, les bruits de guerre s'intensifient, les premières mesures sont prises pour parer à toute éventualité.

Le mardi 28 juillet, à Xures, à quelques centaines de mètres de Martincourt, des garde-frontières français, munis de cartouches à balles réelles, font le guet. Pour ne pas être en reste, le mercredi apparaissent autour de Martincourt, des sentinelles allemandes. Dans la nuit du 29 au 30 juillet, un détachement du 7e régiment de Dragons allemands arrive à Lagarde.

Le jeudi 30 juillet, les réservistes de Martincourt sont rappelés par un cycliste. Un premier incident se produit à la frontière :  dans l'après-midi, deux officiers allemands (le capitaine Freichelt et le sous-lieutenant Von Faber, tués plus tard) appartenant au régiment de chevau-légers de Dieuze, parcourent 250m en territoire français. Un marinier pense qu'ils ne savent pas où ils se trouvent et le leur rappelle poliment. Ils lui rient au nez.

Au préposé de la navigation, M. Nicolas, qui intervient, ils crient   :"Ferme ta gueule, sale tronche de Français." M. Nicolas soulève sa casquette et répond : "Félicitations pour votre bonne éducation, Messieurs !" De retour de leur "promenade frontalière encore pacifique" au château, avec trois voyageurs de passage, ils trinquent à la paix en tournant en dérision la chose.

Le vendredi 31 juillet, dans la soirée, on annonce à Lagarde que le bétail doit être gardé à l'étable, alors qu'à Xures il est encore laissé en liberté. La moisson, elle, continue. Les patrouilles allemandes se rendant à la frontière se multiplient. Discrètement, l'Allemagne mobilise, et la France le fera le lendemain !

Samedi 1er août, à 5h du matin, on se renseigne à Lagarde pour savoir si c'est la mobilisation, à quoi on répond par la négative, mais les réservistes ont été rappelés dans la nuit, subrepticement. Les voitures et le bétail sont réquisitionnés et doivent être livrés à Dieuze à 9h.

A 9h, les Polonais partent de Martincourt avec les chevaux qui seront vendus avec le bétail.

Le dimanche 2 août après-midi, à Coincourt, village français, à quelques kilomètres au nord ce Lagarde, alors que les Lorrains moissonnent, une patrouille de cavaliers allemands sort du bois de Moncourt à toute allure et fait une incursion en France.  Un grave accrochage se produit à leur retour. La patrouille allemande qui était allée jusqu'à la Fourrasse revient au galop. Les dragons de Lunéville les interceptent. Deux cavaliers allemands sont tués par les douaniers de Coincourt. Ils seront inhumés, le lendemain, au cimetière d'Einville avec les honneurs militaires.

Le lendemain 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Les premières escarmouches se produisent. De nombreuses patrouilles partent de Martincourt. Son propriétaire transmet son affaire à son régisseur Schiffmann et s'enfuit, craignant d'être arrêté immédiatement comme espion par les Français.

Mardi 4 août, un sous-lieutenant et quatre cavaliers français investissent Martincourt, ils fouillent toute la maison et emmène Schiffmann et quatre Polonais.

Mercredi 5 août, le 15e corps d'armée de Provence commence sa concentration : le 19e régiment d'artillerie et le 40e régiment d'infanterie quittent Nîmes. A Avignon à 20H50, c'est le 1er bataillon du 58e RI qui s'en va pour la Lorraine, les deux autres le rejoignent le lendemain.

Vendredi 7 août, ces premiers éléments du 15e corps débarquent à Vézelise. Le soir, le 1er bataillon du 40e RI cantonne à la ferme Leomont (Saffais), le 2e à Velle et Haussonville,le 3e à Vigneulles-Barbonville ; les 1er et 2e bataillons du 58e RI à Ferrières, le 3e à Saffais ; le 19e RAC est à Haroué. Ils sont mis à la disposition de la 2e division de cavalerie comme corps de couverture.

Vezelise_gare

Les renseignements de l'Etat-Major de la 2e division de cavalerie indiquent que l'ennemi occupe par des éléments légers de cavalerie la ligne générale Vic, Moyenvic, Juvelize, Bourdonnay, Lagarde, le bois de la Garenne, Avricourt. Il a barricadé des localités en arrière de ce masque de cavalerie ; il occupe par des détachements d'infanterie Château-Salins, Marsal, les croupes au nord de Juvelize, de Marimont-Château, du bois de la Garenne.

Le 9 août, vers 6h, le 10e groupe cycliste est accroché par des éléments étrangers aux alentours de Lagarde. A 8h45, le chef de bataillon Boussat, commandant le 2e BCP écrit au général Lescot, commandant la 2e division de cavalerie et lui conseille : "d'organiser solidement le front Moncourt, bois de la Haute croix, Lagarde cote 283... L'ère des reconnaissances est close : il faut prendre carabines et fusils". 1) 

Lescot prêtera une oreille attentive à cet avis !

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1) JMO 2e BCP

    

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