de Pierre BONHOMME
LE SOLDAT
Il était jeune et beau plein de foi et d'orgueil,
Une folle jeunesse illuminait son oeil ;
La fleur de ses vingt ans était née dans un monde
Où les pleuples s'affrontent dans les guerres qui grondent.
Il rêvait d'aventures, de combats, de conquêtes,
Mais au cours des batailles un jour la vie s'arrête.
-*-
On l'avait désigné pour aller guerroyer,
Contre des ennemis il s'était engagé.
Dans son bel uniforme, le drapeau à la main,
Il montait à l'assaut des plaines, des ravins.
A chaque affrontement il n'avait qu'un désir,
Défendre sa patrie, même s'il faut mourir !
-*-
Il écrivait fiévreux, au cours de chaque trêve,
A son petit village, dans le jour qui se lève :
"Nous sommes harassés, couverts de boue, fourbus,
Mais nous avançons, fiers, tous les jours un peu plus."
Il se voyait déjà au bout de la victoire,
Mais ce fut la tempête et lors d'un dernier soir,
Dans le bruit infernal de toute la mitraille,
Le clairon annonça la dernière bataille !...
Tandis qu'il s'élançait, il tomba à genoux,
Et là s'évanouissaient ses rêves les plus fous !
-*-
Il se coucha, touché d'une balle en plein coeur.
C'est ainsi qu'un enfant dans une aube se meurt.
Dans un dernier sursaut, la main sur sa blessure,
Il balbutie "Maman ! S'achève l'aventure !"
La blancheur de son âme, le bleu de sa capote,
Se mêlent à son sang et l'étendard reflotte !
Alors ce jeune héros de la désespérance,
S'envole vers Dieu pour que vive la France !
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