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Sur les traces des "Midis" du XVe Corps - guerre 1914-1918
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11 mars 2007

Souvenirs de guerre d'un du 19e RAC (3)

D'après le carnet de Damien CHAUVIN

1918 - Monastir - Sofia

Monastir_1917

La Plaine de Monastir

A la fin de l'hiver on nous déplaça pour aller nous mettre en batterie sur une montagne à 2400 m. d'altitude. Plus d'arbres. Il fallait aller chercher le bois pour le feu très loin dans la vallée. Nous étions installés derrière des crêtes ou en avant il y avait de belles montagnes gazonnées comme celles qu'on trouve dans les Alpes, un petit lac...

La fin de l'été 1918 nous a trouvés en cet endroit où on croyait y passer l'hiver. Aussi nous avions prévu de construire des abris en dur en plein flanc de montagne, en pierres garnies de terre pour le froid, avec cheminée, rien ne manquait, avec lits superposés. On aurait pas eu froid.

Mais ce qui était mieux c'est l'armistice signée avec la Turquie et la Bulgarie en septembre 1918, ce qui nous a fait redescendre dans la plaine près de Monastir. Plaine que nous avions tous les jours sous les yeux et où  l'été il devait faire très chaud.

Il y avait tout près le cantonnement de l'artillerie de montagne, le 2ème R.A.M.  dont faisait partie Léon Roux de La Javie, lequel était maréchal-ferrant. Aussi venait-il souvent nous voir, ainsi que Bertrand et Besson.

Arrivés dans la ville de Monastir, nous avons vu défiler des régiments bulgares en débandade et ils étaient contents que la guerre soit terminée pour eux. Beaucoup marchaient pieds nus afin de conserver leurs bottes.

Monastir_1

Partis de Monastir, vers le nord de la Yougoslavie, après plusieurs jours de marche nous fîmes demi-tour par Monastir pour prendre la route vers la Bulgarie. Quelques jours après, le ravitaillement ne nous arrivait plus, il fallut réquisitionner du fourrage pour les chevaux, des bêtes pour avoir de la viande, quant au pain, on mangeait des grains de maïs que nous faisions griller sur la braise.

Monastir

Après de nombreux kilomètres en montagne, la neige se mit à tomber. C'est alors qu'il fallut abandonner les chevaux car ils ne se tenaient plus debouts d'épuisement, faute de nourriture.

Au cantonnement, des hommes étaient désignés pour récupérer ces bêtes mais on ne trouvait plus que leur carcasse, les Bulgares ou d'autres les avaient écorchés pour avoir la peau. Heureusement leur harnachement leur était enlevé avant leur abandon.

Dans le village où nous allions cantonner, la neige couvrait le sol et pour coucher sous les tentes, nous réquisitionnions de la paille en meule chez les paysans, mais ces derniers vinrent sur nous pour nous empêcher de la prendre. Il fallut que les chefs fassent mettre des nôtres avec carabine au poing afin d'avoir un peu de paille sur le sol mouillé après avoir enlevé la neige (mentalité de campagne).

Par contre, à Sofia, où nous avons cantonné dans les faubourgs de la ville, la mentalité fut meilleure. On ne nous fît pas de fêtes, bien sûr, mais pas d'hostilité non plus.

sofia_souvenir

Souvenir de Sofia

On ne trouvait pas de pain, mais chez les pâtissiers on pouvait manger des gâteaux, ce que nous fîmes avec un camarade, lequel parlait bien l'allemand  Il était Alsacien et à l'école il l'avait appris, vu que l'Alsace étit allemande depuis 1870.

Nous promenions en ville et après avoir mangé pas mal de gâteaux, dans la rue, un groupe de jeunes filles marchait devant nous. Ne trouvant pas de pain, je fis la remarque à mon collègue à haute voix, lorsqu'une jeune fille du groupe se retourna et nous expliqua en français le pourquoi. Il n'y avait pas de pain dans les boulangeries car chaque famille touchait de la farine au prorata du nombre de personnes et se faisait leur pain. Justement, ses parents le faisaient ce jour-là et elle nous offrit de nous en faire avoir un peu. Elle nous conduisit chez elle. A notre arrivée, juste on sortait le pain du four. C'était du pain rond de plusieurs kilos. Nous en prenons un, je donnais un écu de 5 Francs que je possédais, en bien remerciant ces gens-là. Mais, pour leur malheur, un groupe de soldats français, des Bataillons d'Afrique, ayant vu cela, ils dévalisèrent ces gens de tout le pain qui leur restait sans rien leur donner, ce que nous avons trouvé être du pillage et du vol (enfin, c'était la guerre).

Après quelques jours nous embarquons pour continuer notre marche à travers la Bulgarie.

En allant à la gare de chaque côté de la route se tenaient des gens avec des corbeilles pleines d'oeufs cuits et peints de différentes couleurs et nous les distribuaient.

                                           A suivre.....

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