Par un Un poilu de l'Argonne
Profondément blessés par l'article calomnieux paru dans LE MATIN, certains de nos soldats du XVème C.A. ont exprimé leur ressentiment par écrit.
Voici l'oeuvre d'un anonyme, qui pourrait avoir pour titre : "Lettre à Gervais"
GLOIRE AU 15e CORPS
A ceux qui ont sali notre vieille Provence,
En insultant ses fils qui tombent pour la France
Je répondrais toujours, même frappé à mort
"Vive" nos régiments "Gloire" au 15e Corps
Nous avons vu des prêtres en capote et attitude pieuse
Accompagner nos morts dans les plaines de Dieuze
Et pendant que là-bas, dans les plaines de Woevre
On s'endormait brisés de lassitude et de fièvre.
Pendant que le canon tonnait, semait la mort,
Criait à pleine bouche, la raison du plus fort.
On disait du Midi que nous étions des lâches
Des flancheurs comme on dit, des hommes qui se cachent
Allons ! tais-toi donc avariste de malheur
Cache ta plume, vil marchand de douleurs
Et suis-moi un instant de la Meuse en Alsace
Regarde ces blessés, ces mourants frappés "face à face"
S'ils pouvaient te parler, ils te diraient encore
Mon régiment "Monsieur" est du 15e Corps.
Allons, assez d'insultes et assez de menaces
Garde donc tes discours pour le feu de tes classes
Et du coin de ton feu à travers les carreaux
Quand tu verras passer ces restes de Drapeaux
Défiler têtes au vent nos troupes triomphales,
Tu salueras bien bas, tous ces visages pâles.
A l'heure où je t'écris, nos braves bataillons,
Se font exterminer pour le droit des Nations
Beaucoup d'eux sûrement ne verront plus leur mère
Vassincourt leur servant à tous de cimetière
Et que ta haine enfin de nous blâmer se lasse
Car les enfants du Midi "Gervais" c'est la France qui passe.
signé : un Poilu de l'Argonne
Le 8 octobre 1915 Bois de Malancourt